Alma Charry est la talentueuse graphiste qui a réalisé les visuels du projet CineWax dont nous avons rencontré l’initiateur, Jean.
Juste lui a posé quelques questions:
Alma tu es graphiste et illustratrice. Comment définirais tu ton style personnel?
Il y a beaucoup de formes récurrentes, des cailloux, des planètes, des animaux, ce sont des formes qui me plaisent, des alliées. J’essaie de faire de la petite magie. J’aspire à quelque chose de sobre et percutant. Quelque chose qui plairait à un vieux monsieur autant qu’à une petite fille!
Ton esthétique semble osciller entre graphismes manuels, simples, presque « bruts » et épure minimaliste. Vois-tu les choses de cette façon?
C’est vrai qu’il y a une cohabitation dans mon travail, entre plastique et digital. Je ne suis pas une technicienne, plutôt une bricoleuse. Alors il est naturel pour moi de n’exclure aucune technique et de faire cohabiter ces deux aspects, avec la même envie de faire simple. La simplicité implique certains choix, renouvelés avec chaque technique, et c’est un défi qui me plaît. Ma dernière série, 24RAPIDO en est un exemple: se donner chaque matin quinze minutes maximum pour faire un dessin à la tablette graphique, pendant vingt-quatre jours. Pas le temps de tergiverser, il faut composer vite et bien.
J’aime bien quand Calder dit « I want to make things that are fun to look at ». Cette idée me suffit. Il me semble possible et intéressant d’être aventureuse dans une forme très simple.
Tu crées aussi des imprimés textiles? Quels sont tes liens et rapports à la mode?
J’aime créer des motifs car j’y retrouve cette notion de choix : le procédé de répétition et de composition nécessite un certain abandon qui m’apaise beaucoup dans les moments où je manque d’inspiration. C’est le même plaisir que de gribouiller en étant au téléphone. Mon rapport à l’imprimé est donc davantage lié à une gymnastique de souplesse plutôt qu’au vêtement pour l’instant. Pour ce qui est de mon rapport à la mode, disons que j’aime voir une belle collection ou quelqu’un de bien habillé car c’est une forme de beauté qui parvient directement, sans détours, et c’est très agréable.
Quelles sont tes inspirations et coups de cœur du moment?
Les images de la comète Tchouri photographiées par Rosetta, l’émission Sur les épaules de Darwin (sur France inter) et beaucoup d’heures passées sur Tumblr. J’ai aussi eu un gros coup de coeur musical pour les mixtapes de Francisco Lopez pour Mogollon que j’écoute en boucle.
Que penses tu des nouveaux réseaux sociaux comme to.be et Ello?
Je suis allée y jeter un coup d’oeil, ça me réjouit de constater que plein de gens s’emparent des possibilités qu’offre internet pour défendre sa transparence, sa vivacité et la mine d’or de créativité que cela représente. Mais si je m’inscris j’ai bien peur d’y passer encore des heures!
Tes trois chansons « feel good » ?
En ce moment: Golden Brown des Stranglers, Age of Consent de New Order et absolument n’importe quelle chanson de Timber Timbre.
Ce qui te motives à continuer ce que tu fais ?
J’ai plein d’idées qui attendent d’être réalisées et je suis loin d’être fatiguée! Et puis les perspectives de projets avec les gens qui m’entourent et que je rencontre, c’est une grande source d’enthousiasme.
Les trois basiques de ta garde robe ?
Une robe, un manteau noir, une paire de Dr Martens.
Pour toi l’élégance c’est ?
Bien placer son regard.
Le cadeau qu’on t’offre souvent ?
Des livres, plein de livres!
Ton dernier coup de cœur au cinéma ?
Ida, de Pawel Pawlikowski, un petit miracle.
Ta devise ?
Il y a quelques années j’ai entendu une femme dans la rue dire « Chacun est son propre sorcier. » J’y pense souvent, et ça ferait une bonne devise.