PRENDS-MOI

PRENDS-MOI (JE SUIS A TOI)

Un sujet de Pablo R.B.

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Rassurez-vous : ceci n’est pas le cri désoeuvré d’une nymphomane en souffrance. Non !

Juste la traduction littérale de «Take me, I’m yours», dernière exposition en date à la Monnaie de Paris.

Cette institution, ô combien vénérable et tellement officiellement sérieuse, a mis les doigts dans la prise et nous propose un parcours artistique tout à fait particulier. Ce n’est pas la première fois qu’elle le fait et c’est tant mieux.

Déjà expérimenté à la Serpentine Gallery il y a 20 ans mais inédit en France, le principe londonien initial est repris par les commissaires de l’exposition qui le mettent à jour et le transforment avec le soutien de la directrice des programmes culturels de la Monnaie de Paris.

Les salons XVIIIe siècle sont envahis par des entassements d’objets tout à fait communs, transformés par le public qui est convié à prélever, détourner, voire reconstruire une nouvelle réalité artistique. Plus de trente artistes proposent des installations qui sollicitent l’intervention du visiteur et tentent de bouleverser les rapports traditionnels entre l’art et son public.

Ainsi pourrez-vous repartir avec des vêtements (des fripes plus exactement) compactés en tas gigantesques sur un parquet en bois précieux, des affiches, un «os de bonheur» imprimé en 3 D et en continu, des badges, des centaines de cartes postales différentes représentant la tour Eiffel collées sur des murs entiers, des capsules d’air, des photographies ou des bonbons semés à même le sol sur des dizaines de mètres carrés.

Vous pourrez également échanger des objets contre ceux laissés par d’autres visiteurs, dessiner sur les murs, participer à l’arbre à vœux de Yoko Ono, recomposer un article de presse à partir de journaux entassés en piles.

Le résultat est indéniable : l’exposition mute en permanence. Il suffit de repasser dans la même pièce une heure plus tard pour s’en apercevoir. Du coup, le principe de l’unicité de l’œuvre d’art est mis à mal.

Le contraste entre le décorum de ces magnifiques salons intemporels, figés dans l’espace-temps et la forte sensation de mutation sauvage, de mouvement perpétuel est saisissant.

Nous avons tous eu l’occasion d’assister à des happenings ou à des installations plus ou moins réussies faites d’accumulations et de mises en scènes improbables ; rarement de pouvoir les détruire ou les reconstruire différemment.  Sauf à terminer au poste de police…

Ici, et à  l’instar de certaines expérimentations artistiques liées à l’émergence du web 2.0, le spectateur devient « spect-acteur ». Il participe, collabore, interagit avec l’œuvre.

Cette tendance, développée par certains collectifs d’artistes et des institutions telles que la Gaîté Lyrique, semble prendre de l’importance dans le monde de la création numérique. Mais pas seulement.

Force est de constater que la conjoncture fait évoluer les comportements et les codes de transmission dans notre société : le troc, le partage, les plateformes collaboratives (telles que le co-working, entre autres) et les circuits courts se développent. Après tout, l’art n’est-il pas un miroir de nos sociétés ? Ou peut-être est-ce l’inverse….

L’exposition quant à elle évolue perpétuellement puisque les artistes interviennent régulièrement par des actions ciblées, surprenant le visiteur qui participe lui même à la transformation, jour après jour.

Elle est retranscrite virtuellement par Google et s’exporte dans le kiosque d’un bouquiniste qui jouxte la monnaie de Paris.

Depuis l’inauguration, une chronique journalière de l’événement est conçue par l’ écrivain Federico Nicolao sur instagram. (#kikerikidide).

Un conseil: y aller vers 11h. Vous assisterez peut-être à une performance.

Artistes participants : Maria Eichhorn, Hans-Peter Feldmann, Jef Geys, Gilbert & George, Douglas Gordon, Christine Hill, Carsten Höller, Fabrice Hyber, Lawrence Weiner, Franz West, Etel Adnan & Simone Fattal, Paweł Althamer, Kerstin Brätsch & Sarah Ortmeyer, James Lee Byars, Heman Chong, Jeremy Deller, Andrea Fraser, Gloria Friedmann, Felix Gaudlitz & Alexander Nussbaumer, Jonathan Horowitz, Koo Jeong-A, Alison Knowles, Bertrand Lavier, Charlie Malgat, Angelika Markul, Gustav Metzger, Otobong Nkanga, Roman Ondak, Yoko Ono, Philippe Parreno, point d’ironie (agnès b.), Sean Raspet, Ho Rui An, Takako Saito, Daniel Spoerri, Wolfgang Tillmans, Rirkrit Tiravanija, Amalia Ulman, Franco Vaccari, Danh Vo.

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Photos : Pablo Rivas-Bonvarlet

Lieu : Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, 75006 Paris
Ouvert tous les jours de 11h à 19h, le jeudi jusqu’à 22h, jusqu’au 8 novembre.
Tarifs : 12€, 8€ -18 ans et étudiants, gratuit -13 ans