La Vie d’Adèle

La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

Palme d’Or 2013.

Au cinéma le 9 octobre.

Le Scénario Officiel:

A 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte.

Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve…

La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche sort aujourd’hui au cinéma à Paris et partout en France. C’est un événement que certains attendent avec impatience.

Tellement d’encre a coulé. A Cannes, des larmes ont été versées. Des milliers d’articles ont été écrits dans des revues de cinéma, magazines de mode et people et blogs du monde entier. Encore très peu de personnes ont eu la chance de voir ce film. A peine quelques centaines de journalistes présents à Cannes ou au Festival du Film à Toronto (Canada) ou ailleurs ont pu voir le film et ont écrits _pour la plupart_de fabuleux articles faisant l’éloge de ce film dans lequel les actrices se donnent corps et âme.

J’ai eu la chance de voir ce beau film en avant-première au FESTIVAL PARIS CINEMA. Abdel Kechiche, son équipe et les actrices devaient être présents à la fin de la projection pour répondre aux questions du public mais finalement ils se sont désistés à la dernière minute. Contre-temps ou refus de répondre aux questions du public, des questions qui peuvent être parfois déroutantes et choquantes.

Surtout les questions concernant les méthodes de tournage ? Bref, passons.

J’ai donc eu la chance de voir ce film et je peux dire que le jeu des actrices est exceptionnel. Elles crèvent l’écran !!! Elles rayonnent de beauté et naiveté. Elles sont aussi extraordinairement bien filmées. Le film regorge de magnifiques gros plans sur les yeux, la bouche, les visages, les expressions des deux magnifiques jeunes actrices. Elles ont une telle grâce …

Une grâce, une beauté qui leur semble si naturelle. (Comment deux actrices peuvent avoir l’air si naturelles, si décontractées ou furieuses pour de vrai ?) C’est un plaisir de les regarder, les admirer. On les voit évoluer, grandir dans ce film.

Elles s’aiment un peu, beaucoup, à la folie. Et comme dit la fameuse chanson des Rita Mitsouko, « les histoires d’amour se finissent mal en général … »

21) Scène de Cul

La fin du film est très bien filmée et bien menée. Ce qui devait arriver arrive : l’histoire d’amour tourne mal. Adèle se fait plaquer. Elle a commis une « faute grave », une sorte de « péché » qui lui sera fatal.

Elle est impardonnable. Plus de deux heures de film sont déjà passées. C’est fou je n’ai jamais vu un film de 3 heures qui me paraissait si court, si fulgurant !!! j’aurais pu rester à regarder/admirer les personnages grandir encore quelques heures de plus !

L’une des plus belles scènes du film_d’après moi_est lorsque Adèle plonge dans l’eau, dans la Manche et qu’elle se met à nager LOIN LOIN LOIN devant, sans s’arrêter, dans une tentative _symbolique_d’échapper à la réalité et à la souffrance de la vie. Et soudain, à bout de souffle, au milieu de la mer, elle s’arrête et se met à faire « la planche ». Elle se laisse aller, elle se laisse flotter comme ça : DANS LE VIDE. Et puis, elle ferme les yeux. Personne ne sait ce qui se passe dans sa tête à ce moment là. C’est un mystère. Se remémore-t-elle ses moments de bonheur avec sa compagne ou non ? Peut-être, tout simplement, elle se laisse aller, elle cherche à oublier… Mais est- ce possible vraiment d’oublier ? Cette scène sans dialogue est sublime. C’est filmé avec beaucoup de douceur et de poésie.

Le gros bémol de ce film sont les dialogues. De temps en temps les dialogues sont une vraie catastrophe !

On dirait presque des dialogues de télé réalité niveau Secret Story. Les scènes érotiques sont stéréotypées et complètement « à côté de la plaque » comme a pu le souligner très justement l’auteur (Julie Maroh) de la bande dessinée LE BLEU EST UNE COULEUR CHAUDE. Les scènes où les deux jeunes actrices admirent des peintures de femmes nues au hammam sont aussi des scènes assez ridicules.

BleuVieAdele

A qui la faute ? Ce n’est certainement pas la faute des actrices. Dans toutes leurs interviews, les actrices mentionnent le fait qu’Abdel Kechiche les a obligé ou disons « encouragé fortement » à improviser et à oublier le scénario. J’imagine que ce n’est pas évident d’inventer un bon dialogue quand on est filmé, traqué comme un animal et qu’on doit refaire la scène vingt, trente, quarante, cinquante fois tout en ayant l’air naturel et vive d’esprit !

La façon de représenter le personnage d’Emma qu’incarne Léa Seydoux aussi est très cliché.

Comme dit Abdel Kechiche dans son interview pour LIBERATION : « Adèle est issue d’une cité enfouie au fin fond de la métropole lilloise, Emma essaie d’échapper à sa condition de petite bourgeoise en devenant une artiste peintre. » Dans son film, Abdel Kechiche dépeint l’artiste comme quelqu’un d’obnubilé par le succès et la volonté d’y arriver et paraître dans la « haute société de petits bourgeois qui aiment l’art ». C’est assez réducteur comme vision de l’artiste !!!

Je ne tiens pas trop à parler en détails des récents scandales qui viennent entacher la sortie de ce beau film aux beaux clichés bien filmés. Je ne comprends pas comment un supposé grand cinéaste qui – le soir de la remise de la Palme d’Or- n’a même pas l’esprit de remercier ses deux magnifiques actrices (qui se sont données « à fond » corps et âmes pendant des mois) ni l’esprit de remercier toute l’équipe des acteurs, techniciens et monteurs, bref, et qui fait l’éloge de « la liberté d’expression en France » et qui, quelques mois plus tard, s’offusque grave quand les deux actrices s’expriment librement, naïvement et déclarent que « Oui le tournage a été difficile et éprouvant ». Il n’y a pas de mal à dire LIBREMENT que le tournage a été éprouvant. Pourquoi Monsieur Kechiche avez vous réagi _par médias interposés_de façon si violente et haineuse ? Dans tous vos derniers interviews (Télérama, Libération), vous dites du mal de Léa Seydoux, qu’elle avait du mal à incarner le personnage et vous accusez le fait qu’elle vienne d’une famille de bourges. Honnêtement, on s’en fout d’où vient Léa Seydoux. Elle crève l’écran. C’est tout. Toutes les deux crèvent l’écran.

Et on a pu voir à Cannes la belle complicité qui existe entre les deux actrices. Elles en ont bavé sur le tournage. Elles se sont données à fond. Elles méritent cette Palme d’Or que Steven Spielberg leur a remise avec un grand sourire bienveillant.

Personnellement, je trouve ce film « dérangeant » dans la mesure où il présente une vision très clichée de l’artiste, de la bourge, de la jeune lesbienne qui se cherche ou encore de la « pauvre fille » « issue d’une cité enfouie au fin fond de la cité lilloise » qui rêve d’être enseignante. Par moment, ça frôle la SECRET STORY !

Le mieux : c’est d’aller voir le film et faire l’expérience de ce film « dérangeant ». Il y a plein de magnifiques plans et les actrices sont rayonnantes !

par Mélanie Sweeny, Paris, mardi 8 octobre 2013

 

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