Jeune créatrice de mode installée en Corée, Sandra Meynier-Kang y développe depuis 2011 des collections de prêt à porter et accessoires féminins. D’abord sous le nom de Yes I m french et maintenant sous ses initiales SMK.
Personnalité fraîche et attachante, son parcours, comme ses créations nous ont séduits. Nous lui avons posé quelques questions:
Depuis quelques temps, la Corée nourrit tous les fantasmes : croissance, culture… Toi qui y vit, quel est ton point de vue? Est ce l’Eldorado?
La Corée est un pays en développement, certes mais il faut savoir dans quel sens. De quel développement parle t-on?
C’est vrai que la Corée suit une courbe de développement très rapide sur le système capitaliste. Beaucoup d’échanges s’y produisent, de business , il y a du travail… mais a quel prix? Le côté positif est que cela peut permettre d’acquérir de expérience en travaillant dans des domaines où l’on n’aurait jamais été embauché dans d’autres pays. C’est une véritable chance et il faut savoir la saisir et la voir comme telle.
Tu as eu l’occasion de côtoyer la scène mode européenne, selon toi les challenges d’un jeune créateur en France et en Corée sont ils les mêmes? Quelle est la particularité de la scène mode à Séoul?
Oui les challenges sont les mêmes : survivre! Ha Ha
Il est très difficile pour un jeune designer de se lancer et de pouvoir vivre de sa passion dans n’importe quel pays où l’on est implanté.
La mode a Séoul est unique car dans une seule ville, nous nous approvisionnons de matières premières, nous faisons les samples et nous produisons. Et tout cela en 1 semaine…
La Corée a un avantage sur la scène internationale qui est le temps. Nous gagnons beaucoup de temps. Mais la rapidité peut être un facteur relatif…
Tu es installée en Corée depuis quelques années maintenant. Tu es mariée à un photographe Coréen. Que reste t il de la française en toi? Y a t il encore des choses qui te surprennent?
Aha, la française en moi est in-cre-vable.
J’aime la France. Mon enfance, ma famille , mes amis. Je demande régulièrement des provisions de chocolats, de biscuits et de thé à mes amis qui font des allers-retours.
Je ne suis pas venue me créer une identité en Corée, mais je m’enrichi. Je comprends la culture coréenne et je la respecte. Je travaille avec eux et je pense qu’avant d’être titulaire d’une nationalité, nous sommes humains.
SMK s’inscrit dans la continuité de ta première marque YESIMFRENCH . Quel message souhaites tu désormais délivrer avec tes collections?
Avec S M K, je m’engage sur la longue route de la “sustainability”.
J’essaie _et je dis bien j’essaie_ d’éliminer progressivement les matières synthétiques de mes collections. J’utilise certaines matières locales organiques comme le coton et le ramie.
Je m’associe également à chaque saison à une association pour promouvoir les actions en faveurs des personnes en relations avec le thème travail.
Dis nous quelques mots de la nouvelle collection SMK.
Cette collection Eté 2015 est inspirée du film “My little Princess” réalisé par Eva Ionesco.
Le personnage d’Hanna joué par Isabelle Huppert (incarnation d’Irina Ionesco), mère de Violetta ; joué par Anamaria Vartolomei (symbole d’EVA IONESCO) a été la source d’inspiration clé dans le choix des couleurs et des matières de la collection.
L’ identité profonde repose sur le travail de la photographe Irina Ionesco à partir de l’année 1974.
La garde-robe s’appuie sur une identité casual moderne imprégnée de la nostalgie des codes vestimentaires des 70’s
Pour cette première S M K collection, les matériaux ont été sélectionnés au regard de leur composition, afin que ceux-ci soient les plus naturels possibles, d’où l’introduction de coton organique certifié par GLOBAL ORGANIC TEXTILE STANDARD.
La collection se veut le plus possible dans le respect de la nature qui, collection après collection, deviendra complètement la ligne de conduite de la marque.
S M K s’engage donc à utiliser graduellement plus de matières ORGANIQUE dans le développement de ses prochaines collections.
Quelles sont tes autres passions au delà de la mode?
J’aime le sport, la poésie, le cinéma, la musique, écrire…
Qu’y a t il dans ta playlist du moment?
En ce moment, je re-écoute beaucoup Mechanical Animal qui est pour moi, le meilleur album de Marilyn Manson.
J ‘aime beaucoup les mix de Eli Grita. Une DJette parisienne qui monte!
Quel est ton dernier coup de cœur créatif inspirationnel?
Les écrits de Pierre Rabhi sur lequel je base ma collection FW16.
Tes prochaines vacances?
Non programmées… en Corée du Sud, le mot « vacances » est à proscrire…
Ton dernier fou rire?
Avec Eli Grita à Majorque lorsque l’on parlait d’un certain “cachalot”.
On adore la vidéo de sa dernière collection réalisée par son talentueux époux.
