GROS PLAN SUR MARTIN SCORSESE
Sujet de Pablo R.B.
Photo : Brigitte Lacombe
Lundi 12 octobre avait lieu l’inauguration de l’exposition consacrée à Martin Scorsese à la cinémathèque Française, en sa présence. Juste Magazine y était pour vous.
Cette première grande exposition dédiée à ce réalisateur résolument contemporain est l’adaptation de celle produite et présentée par la Deutsche Kinemathek à Berlin de janvier à mai 2013. Elle a ensuite séjourné à Turin de juin à septembre 2013, puis à Gand (Belgique) d’octobre 2013 à janvier 2014 avant de s’installer à Paris.
Elle rend hommage à l’œuvre complète de Martin Scorsese et dévoile des pièces et documents provenant essentiellement de sa propre collection privée, ainsi que de celles de Robert De Niro et de Paul Schrader.
Cet évènement met en valeur non seulement le travail de Martin Scorsese, mais également son implication dans la sauvegarde des supports de films et la protection du patrimoine cinématographique international (La film Fondation), aux cotés De S. Spielberg, F.F. Coppola et Stanley Kubrick. Autant d’engagements propres à pérenniser l’avenir du cinéma.
Extraits de films, affiches, photographies de tournages, story-boards, costumes et accessoires font comprendre à quel point la créativité du récit, la maitrise de la mise en scène et du montage font du travail cinématographique de Scorsese une œuvre unique, voire intemporelle. Ils mettent en lumière une approche à la fois éclectique et obsessionnelle, riche d’émotions, de rythmes et de détails multiples.
Nul lien évident en effet, à première vue, entre : Le temps de l’innocence, Raging bull, Hugo Cabret, Les affranchis, After hours, Taxi driver, Kundun, La dernière tentation du Christ,… sans parler des films musicaux ni des documentaires ou de thrillers psychologiques.Pour autant, certains thèmes chers au réalisateur semblent récurrents.
Ainsi, nombreux sont les films dont l’action se situe à New York, dans la « petite Italie », quartier empreint d’une forte tradition catholique. C’est dans cet environnement particulier qu’il a grandi, témoin de la violence des gangs.
La famille, au sens large, est un thème majeur dans l’œuvre du réalisateur. Une famille protectrice mais terriblement envahissante et source de conflits dévastateurs.Scorsese calque ce schéma de coercition sur celui de l’organisation mafieuse. Un autre modèle est emprunté à celui de la famille : celui de la fratrie. Ce rapport engage selon des règles strictes, implique, culpabilise et contraint jusqu’à l’extrême parfois, même en l’absence de lien de sang.
Les relations hommes/femmes, quant à elles, semblent complexes et fragiles, souvent du fait de conventions, de pudeur ou de manque de communication.Mais l’attachement à ces thématiques communes ne saurait expliquer à lui seul l’universalité du récit, ni la fulgurance de la trame narrative.
Avec Scorsese, les personnages sont comme happés par leur destin. Aussi névrosés ou improbables soient-ils, ils nous semblent vrais, presque intimes, inscrits dans une réalité fragile, définitivement humains.Ce sentiment est décuplé par la maîtrise de la mise en scène, par la qualité de la photo, les changements de rythme et les prouesses au montage de Thelma Schoonmaker, fidèle parmi les (nombreux) fidèles.
Le son, la prise de vue et le montage interagissent. Ils sont l’objet d’une véritable composition structurée en amont. Chaque détail est travaillé et participe à la construction finale. Chaque cadrage est étudié, chacun des mouvements de caméra anticipé.
Le résultat : une impression de fluidité continue malgré la force brutale de certaines scènes. Les plans séquence sont ciselés et maitrisés du début à la fin. Citons en exemple celui du débarquement dans Gangs of New York (qui dure 71 minutes !!) ou ceux d’ Hugo Cabret qui introduisent et clôturent le film.
La musique n’est pas oubliée lors de cette exposition car elle a toujours été l’un des piliers de construction des fictions de Martin Scorsese qui lui a, par ailleurs, consacré bon nombre de documentaires. Parmi ceux-ci : The band (The last waltz), Shine a light (Rolling stones), No Direction Home (Bob Dylan), Livinging in the Material World(George Harrisson).
Pour information, une conférence de Michka Assayas est organisée jeudi 22 octobre sur le sujet : «Scorsese, l’homme par qui le rock a envahi le cinéma». Elle sera suivie de la projection deThe Last Waltz
Parallèlement à l’exposition, une rétrospective de l’intégralité de l’œuvre de Martin Scorsese est proposée à la cinémathèque française.
A noter également : la remise du Prix Louis Lumière à Martin Scorsese le vendredi 16 octobre 2015 à l’Amphithéâtre – Centre de Congrès de Lyon, en présence du public français et de nombreux invités venus du monde entier.
Bonne visite, en attendant la sortie au printemps 2016 de Silence, adaptation du roman de Shùsaku Endo, avec Liam Neeson, Andrew Garfied et Adam Driver.
Pablo R.B.
Exposition Martin Scorsese
14 octobre 2015 – 14 février 2016
Tous les jours (sauf mardi) de 13h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h, le week-end de 10h à 20h
12€ (plein) / 9€ (réduit) / 6€ (-18 ans)
Rétrospective Martin Scorsese
14 octobre – 30 novembre 2015
Intégrale de ses films et trois conférences
6,50€ (plein) / 5€ (réduit)
Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, Paris 12e
Programme complet et réservations des places sur www.cinematheque.fr
7e FestivalLumière de Lyon
12 –18 octobre 2015 dans tous les cinémas du Grand Lyon
Programme complet et réservations des places sur www.festival-lumiere.org