Larry Clark à Paris

C’est avec une curiosité pour le moins dubitative que l’on a accueilli la nouvelle : Larry Clark tourne un film a Paris.

Le photographe et réalisateur septuagénaire qui s’attache a dépeindre les errances et dérives de la jeunesse américaine depuis plus de 30 ans incarne une certaine image de l’underground made in USA.

Auréolé d’un parfum de scandale pour avoir osé montré ce que la société américaine souhaite ignorer de sa propre jeunesse, le réalisateur est depuis ses premiers travaux considéré comme «culte». Ses oeuvres photographiques et cinématographiques en ont fait un mythe vivant qui pose aujourd’hui ses valises en France. A t il épuisé son terreau natal où ne trouve t il plus les moyens d’exercer et de diffuser son travail aux Etats Unis? Il est vrai qu’il semble avoir conclu un cycle américain après avoir dépeint les tourments des jeunes skateurs new yorkais (Kids 1995) puis ceux de la côte Ouest (Wassup Rockers 2006). Larry Clark délaisse l’Amérique et laisse donc à des réalisateurs plus jeunes comme Sofia Coppola (The Bling Ring) et Harmony Korine (Spring Breakers) le soin de filmer les excès de cette jeunesse américaine qu’il a été le premier à mettre en scène.

C’est donc la jeunesse française et plus particulièrement celle, décadente et parisienne qui intéresse désormais Larry Clark.

Mais ce n’est pas si simple. Si sa notoriété auprès des amateurs d’art et de cinema underground ne fait aucun doute, le nom seul de Larry Clark ne suffit plus à générer l’engouement de gros producteurs susceptibles de financer la production de son nouveau film. L’artiste, toujours aussi sulfureux nargue la censure et ne fait aucun compromis commercial. Son dernier opus a d’ailleurs été diffusé exclusivement sur internet, et financé par un de ses fans.  The Smell of Us, comme s’appellera son nouveau film tourné a Paris, est financé par le crowd funding. Oui, ces plateformes de financement où les internautes peuvent miser de l’argent sur des projets en contrepartie de bénéfices ou d’avantages en nature. On peut être surpris d’une telle source de financement pour un film d’un réalisateur aussi renommé, mais aussi le voir comme le symbole d’une époque. Pas seulement. Il semblerait que cela soit aussi le signe d’une volonté de s’affranchir de la frilosité des décideurs pour jouir de la liberté d’exprimer la vision d’un artiste sans concession.

Update :

Comme le souligne la mini série documentaire Arte Creative qui a suivi le tournage, celui-ci a été émaillé de modifications de scénarios de dernière minute qui n’ont pas laissé indemnes les jeunes membres du casting originel. Ils ont notamment vu leur rôle réduit au profit du développement de personnages secondaires incarnés par de nouvelles têtes plus juvéniles.

La sortie du film permettra de savoir si le dernier opus de Larry Clark s’annonce bien comme son magistral chant du cygne.

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Larry Clark sur le tournage de son dernier film THE SMELL OF US avec son actrice principale Diane Rouxel.

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