Les Papillons Noirs

Quelques questions à Antoine Petit Blanchet, réalisateur et scénariste du film LES PAPILLONS NOIRS, son second court-métrage.

antoine blanchet

Cher Antoine, peux tu nous dire de quoi ton film parle ?

Cléo est une jeune fille de 20 ans intelligente, sensible et compliquée. Après avoir tout essayé, son petit ami, Ulysse l’emmène rencontrer une magnétiseuse afin de soigner son mal-être.

Le film parle de cette rencontre et de ce « déclic » énergétique influé par la magnétiseuse. Il n’y a pas de happy end mais bel et bien un changement et c’est ça qui m’a séduit dans ce sujet, c’est que ce changement s’est fait dans le silence, par un soin, des gestes et des regards bienveillants.

Comment t’es venue l’idée de ce scénario ?

La rencontre avec la magnétiseuse vient de mon vécu, pour le reste c’est de la fiction

Comment s’est passé le tournage ? Vous étiez une grosse équipe… Peux tu nous dire combien de personnes ont participé au tournage ? Quelles étaient ces personnes ? Comment ça s’est passé ? Est ce que cela a été difficile d’orchestrer tout ce beau monde ?

Nous étions une vingtaine (sans les comédiens). Pour ce genre de projet, c’est bien qu’il n’y ait pas trop de monde. C’était important pour moi de pouvoir travailler à échelle humaine et de créer un rapport intime avec les gens. J’ai casté l’équipe technique comme mes comédiens, la compétence et le capital sympathie vont de pair. Du coup, ça s’est très bien passé. On a eu de belles conditions de travail, tout le monde était cool.

Comment as tu fait pour financer le tournage ? (Il me semble que tu as fait du « crowdfunding », comment cela s’est il passé ? )

Nous avons commencé la campagne courant Mai 2013. J’ai financé une partie du film sur Ulule et Kickstarter en récoltant 15000 Euros en 45 jours. J’ai ajouté personellement 5000 Euros.

Ca a été une très belle expérience, ça m’a plus de fonctionner ainsi.. Le contact avec le public fût plus direct et j’ai eu beaucoup de belles surprises.. Des gens que je ne connaissais pas ont investi pas mal d’argent, ça donne confiance en soi et confiance en l’histoire.

Et maintenant, tu es en train de monter, quels sont tes dilemmes ? J’imagine que le processus de montage n’est pas évident, il faut choisir. Raconte-nous.

Nous avons fait assez rapidement un premier montage image avec mon monteur Rémi Crépeau. Ca se passe bien, nous sommes sur la même longueur d’ondes donc ça avance plutôt vite. Il reste un énorme travail au niveau du son et des bruitages pour mieux transposer la poésie de l’histoire. Le son est tellement important.

Es-tu content des images tournées ?

Oui, je suis content. Nous avons tout de même manqué cruellement de temps en raison du budget, je n’ai pas eu tout ce que je voulais. Je suis tout de même très heureux, mon chef opérateur Matthieu David Cournot a fait un très beau travail au niveau de la lumière, nous avons beaucoup parlé de filtres pour casser la plasticité et le rendu très défini des caméras numériques. Ca a bien fonctionné.

Par ailleurs, c’était important d’épouser visuellement le monde mental de Cléo. Du coup, nous avons travaillé avec une petite profondeur de champ pour détacher notre héroine du décor et être ainsi plus proche de ses émotions.

Nous avons fait aussi pas mal de plans au steadicam. Grâce au steadicam, on a pu aller plus loin dans l’évocation. Nous avons un beau mélange de scènes posées et d’autres plus subtiles et improvisées.

Comment cela s’est passé avec Mascha & Mathilde Warnier? Peux-tu nous décrire la scène où toutes les deux jouent ensemble ? Qu’espérais tu d’elles ? (effet de miroir, etc). Les as-tu laissé improviser ou pas du tout ?

Ca s’est très bien passé, j’ai senti une force en ces deux petits bouts de femmes et cela bien avant le tournage. C’était la première fois que je ne faisais pas de casting dans le sens traditionnel du terme. Quand je les ai vu, je me suis reconnu. J’y suis allé complètement à l’instinct et j’ai bien fait.

mathilde-warnier

Quelles sont tes ambitions ? Il me semble que tu aimerais que ce court métrage participe à des festivals/concours de courts-métrages et puis dans le futur qu’il devienne un long métrage. Penses tu que cela soit possible ? (il te faudrait un budget de combien pour réaliser ton rêve  de long métrage?)

Oui effectivement, le court-métrage reprend les thèmes et les personnages du long-métrage. Je suis entrain de boucler l’écriture, je pense que c’est un vrai beau sujet, il faut le travailler encore et encore pour le rendre plus profond et sexy. J’espère qu’il verra le jour, j’ai plusieurs scripts sous la main alors on verra.

Pour un premier long qui se veut une sortie en salle, il faut au moins 1 ou 2 acteurs connus qui portent ton film. Le budget se détermine en fonction.

Quels sont tes films fétiches ?

Il y a toujours trop mais je regarde ces films régulièrement :

Harold and Maude de Hal Ashby

The Verdict de Sydney Lumet

Loulou, Sous le soleil de Satan et A nos amours de Maurice Pialat

Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson

Chunking Express, Happy Together et 2046 de Wong Kar Wai

Dumb and Dumber des Frères Farelly

Les poupées du diable de Tod Browning

Barton Fink des frères Coen

Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda

Kings of the road et Paris Texas de Wim Wenders

Les films de Hayao Miyasaki, tous.

(Interview réalisé par Melanie Sweeny, Paris, lundi 28 octobre 2013)

 

 

Une Question à Matthieu-David Cournot (qui a été le Chef Operateur sur le tournage LES PAPILLONS NOIRS, second court-métrage d’Antoine Petit Blanchet )

Sur le tournage, quel a été votre objectif ?

Comme pour tous les films que j’éclaire, mon objectif était de retranscrire au mieux les images que le réalisateur avait en tête. Ce qui était compliqué dans ce projet c’est qu’on avait beaucoup de choses à tourner en très peu de temps et que la majorité des scènes étaient en extérieur. On était complètement tributaire de la météo car je n’avais ni le temps ni les moyens de faire de grosses installations pour compenser un temps capricieux. Du coup il fallait travailler très vite et anticiper au mieux les intempéries et autres surprises inhérentes à un tournage. Cela oblige à faire des compromis à l’image (mais c’est le cas sur tous les films) afin d’ empiéter au minimum sur la mise en scène, tout en essayant d’approcher au mieux le rendu visuel souhaité par Antoine. J’espère y être arrivé mais ça il faudrait le demander à Antoine.

chef-op

Photos: Benjamin Colombel