SUMMER

SUMMER, amours lituaniennes

Critique Cinéma de Victoria MAS

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Dans la maison familiale reculée en forêt, Sangaïlé passe des vacances d’été monotones. La jeune fille a dix-sept ans – comme les dix-sept coupures que comptent ses deux bras, coupures qu’elle esquisse chaque jour au compas ; dix-sept aussi, comme le numéro gagnant de son ticket de tombola, le jour d’une exposition aéronotique régionale, où elle fait la connaissance d’Austé. Rapidement, les deux adolescentes se deviennent indispensables. L’été de Sangaïlé, jusqu’ici morose, prend une tournure inattendue.

Summer est le deuxième long-métrage de la réalisatrice Alanté Kavaïté, lituanienne basée en France, et le dernier film d’une longue liste au prémice similaire : comme l’anglais My Summer of Love ou le français La Naissance des Pieuvres, le film lituanien relate la rencontre entre deux adolescentes opposées – l’une, aussi réservée et complexée que l’autre est extravertie et à l’aise dans son corps.

Dans la banlieue de Vilnius, la brune et longiligne Sangaïlé intériorise ses névroses quand la blonde et pulpeuse Austé respire et sourit librement ; Sangaïlé se coupe et saigne dans sa chambre insipide, et Austé découpe des tissus pour en faire des robes dans sa chambre fantasque.

Premier film LGBT en Lituanie, Summer se distingue moins par l’intrigue, maintes fois exploitée, que par sa mise-en-scène ultra-esthétisée. Avec des dialogues quasi-inexistants, la priorité est aux regards et aux corps féminins qui s’éveillent et s’épanouissent au fil des plans. L’objectif côtoie au plus près les peaux nues qui se frôlent, se rapprochent puis vibrent ensemble. Les deux adolescentes passent leurs journées en pleine nature, nagent dans l’eau du lac, courent dans les herbes folles des champs et dorment sur la terre humide des forêts, le tout sous les rayons de soleil couchant.

La sensualité des images est grandement aidée par la musique de Jean-Benoît Dunckel – du groupe francophone Air pour les intimes (groupe qui avait notamment signé la bande-originale de Virgin Suicides dont le film semble à certains moments rendre hommage).

Si le travail esthétique est réussit c’est néanmoins au détriment d’une intrigue un peu trop lisse. La mélancolie frôle parfois la monotonie et la répétition ; les deux scènes d’amour, filmées avec une pudeur et une poésie honorables, apparaissent cependant presque trop travaillées ; ainsi à l’écran, la technique prend le dessus sur l’émotion.

Parce que le film hésite tout le long entre réalisme et métaphore, l’hésitation déroute le spectateur qui ne cherche qu’à sympathiser avec les deux héroïnes, par ailleurs justement interprétées par ses actrices charismatiques.

Summer n’en reste pas moins un film sensible et sensuel sur ce thème universel, atemporel et surtout cher au cinéma, qu’est l’amour adolescent.

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Summer

De Alanté Kavaïté

Avec Julija Steponaityte, Aistė Diržiūtė

Sortie le 29 Juillet 2015

Durée 1h30

UFO Distribution

Sundance Film Festival 2015 – Prix de la mise en scène

Berlin Panorama 2015 / Silver Cranes Awards : Meilleur Film, Meilleur Actrice pour Julija Steponaityté, Meilleur Décor (« César » en Lituanie)

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